Les partenaires sociaux se sont retrouvés le 8 novembre pour une première réunion fixant les détails pratiques de la négociation. Une dizaine de dates sont fixées d’ici à la fin janvier 2023.
La négociation interprofessionnelle sur le partage de la valeur au sein des entreprises se concrétise. Organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) et patronales (Medef, CGPME, U2P) se sont donné rendez-vous au siège du Medef, le mardi 8 novembre, pour une première réunion permettant de définir les conditions pratiques de la négociation, conformément au récent accord national sur le paritarisme. Côté calendrier, dix réunions sont prévues (dont deux fin novembre consacrées à l’établissement d’un diagnostic partagé), et la réunion conclusive a été planifiée le 30 janvier 2023.
Un contenu trop restrictif
Cette première rencontre a aussi permis à chaque partie de s’exprimer sur le contenu de la négociation. « La CFDT et les autres organisations syndicales estiment qu’il faut en ouvrir le périmètre », relate Luc Mathieu, chef de file CFDT. En effet, la lettre de cadrage que le gouvernement a fait parvenir aux partenaires sociaux le 16 septembre n’évoque que l’intéressement, la participation, l’abondement à des plans d’épargne, l’actionnariat salarié ou encore la prime de partage de la valeur (prime Macron). Elle propose trois axes de négociation : « généraliser le bénéfice de dispositifs de partage de la valeur pour les salariés, notamment dans les plus petites entreprises », « renforcer, simplifier et veiller à l’articulation des différents dispositifs de partage de la valeur » et « orienter l’épargne salariale vers les grandes priorités d’intérêt commun ». « La marge de manœuvre des partenaires sociaux est large », a déclaré le ministre du Travail, Olivier Dussopt, lors d’un « Grand rendez-vous » organisé par l’Ajis, le 14 novembre, tout en appelant les partenaires sociaux à « faire preuve de créativité ».
La CFDT trouve difficile de se contenter de la lettre de cadrage. La juste reconnaissance salariale du travail fourni, la transparence fiscale, la contribution des sous-traitants à la chaîne de valeur ou encore un meilleur partage de la gouvernance de l’entreprise avec les salariés doivent faire partie des thèmes abordés par cette négociation, estime Luc Mathieu. « Il faut également traiter un certain nombre de problèmes structurels liés aux salaires comme les salaires minimaux de branche, l’écrasement des grilles en raison de l’augmentation du Smic, le rapport entre les plus hautes et les plus basses rémunérations dans l’entreprise, l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, et la rémunération variable », abonde le secrétaire national.
Vers la généralisation de l’intéressement et de la participation ?
Et en ce qui concerne l’intéressement et la participation, « l’enjeu, c’est bien de généraliser ces dispositifs à tous les salariés, alors qu’ils bénéficient surtout à ceux des grandes entreprises actuellement. Nous proposons aussi une formule simplifiée de calcul de la participation, pour faciliter sa généralisation », explique Luc Mathieu. La CFDT souhaite enfin aborder la question de la sécurisation de l’épargne en cas d’actionnariat salarié : « Les actionnaires salariés sont porteurs d’un double risque : celui lié à leur emploi et celui lié à leur épargne investie dans l’entreprise. Si jamais l’entreprise est en difficulté, ils peuvent perdre les deux. »