La CFDT a proposé, lors de son audition par le groupe d’experts sur le Smic, de fonder une commission permanente “salaires décents” pour impulser une vision plus large au sujet des bas salaires.
Le groupe d’experts sur le Smic effectue son tour de table des organisations syndicales et patronales en vue d’élaborer son traditionnel rapport annuel qui proposera (ou ne proposera pas) au gouvernement un « coup de pouce » au 1er janvier. Le 12 novembre, c’était au tour de la CFDT d’être auditionnée et de mettre sur la table ses propositions relatives aux salaires et au rôle des négociations collectives dans un contexte où les salariés dits de la deuxième ligne ont soif de reconnaissance salariale. « Le Smic doit rester une porte d’entrée dans les emplois les moins qualifiés mais pas un horizon salarial pérenne comme c’est le cas pour environ 15 % des salariés aujourd’hui, souligne Luc Mathieu, secrétaire national. Ce qui nous préoccupe, c’est surtout une juste rétribution du travail. »
Une transformation souhaitée du groupe d’experts !
La CFDT a donc proposé que le groupe d’experts sur le Smic se transforme en une commission permanente « salaires décents » inspirée de la « Low Pay Commission » britannique. Au Royaume-Uni, cet organisme indépendant est composé de huit personnes – des employeurs, des employés mais aussi des universitaires. Son rôle principal est de faire des propositions au gouvernement à propos du salaire minimum.
Le gouvernement britannique a d’ailleurs accepté la dernière proposition de ladite commission : le salaire minimum augmentera de 59 pence le 1er avril 2022 et passera ainsi de 8,91 à 9,50 livres sterling (11,25 euros) l’heure – soit une hausse de 6,6 %. La Low Pay Commission est également apte à conduire des recherches, mener des enquêtes auprès des entreprises des secteurs où les salariés sont les moins bien payés, auditionner les employeurs, les employés ou encore les syndicats.
« Notre souhait, c’est bien que cette commission française ait une vision globale du problème des basses rémunérations, qui inclut certes le niveau des salaires mais aussi le parcours salarial et l’organisation du travail », explique le secrétaire national. Cette nouvelle structure pourrait établir un diagnostic en lien avec les partenaires sociaux (qui pourraient y siéger) et suivre les négociations de branche.
Perte de sens !
Une des solutions au problème se trouve dans la négociation salariale, qui aurait d’ailleurs bien besoin d’être redynamisée. « On a fait part au groupe d’experts de l’appauvrissement des négociations salariales de branche et d’entreprise. Beaucoup de négociations n’aboutissent même pas à l’augmentation des minima, se contentant de rattraper l’inflation », remarque Luc Mathieu, précisant qu’actuellement 57 branches comptant plus de 5 000 salariés conservent des coefficients en dessous du Smic. « Quand ces minima sont totalement avalés par le Smic, il y a une perte de sens pour les salariés. »
Le groupe d’experts sur le Smic devrait rendre son rapport annuel d’ici à la fin novembre. S’il propose un coup de pouce au Smic, il reviendra ensuite au gouvernement de suivre, ou non, cette recommandation.
Propos de Fabrice Dedieu Journaliste