L’indice CSI publié le 28 juin par la Confédération syndicale internationale montre une nouvelle dégradation des droits des travailleurs. L’Europe n’échappe pas à ces abus, recensés dans un quart des pays du continent.

De l’instabilité naît l’impunité. Qu’il s’agisse de violences physiques, d’assassinats ou de bannissements de syndicats, ces derniers mois, les violations des droits des travailleurs dans le monde ont atteint un niveau record, estime la CSI dans sa neuvième édition de l’indice des droits dans le monde. Les travailleurs de 50 des 148 pays couverts par ce rapport ont ainsi été soumis à des violences physiques entre avril 2021 et mars 2022. Face aux crises successives et multiples qui traversent le globe, « le rapport montre les conséquences de cette instabilité sur les atteintes aux droits des travailleurs », note la CSI.

L’Europe n’échappe d’ailleurs pas à ces abus, recensés dans 26 % des pays du continent (contre 12 % un an plus tôt). À y regarder de plus près, près des trois quarts des pays du Vieux Continent ont ainsi porté atteinte au droit de grève. Plusieurs États sont par ailleurs accusés de violations régulières (Royaume-Uni) ou répétées (France, Espagne) des droits des travailleurs. Du côté des entreprises, le rapport de la CSI cible particulièrement les géants Amazon, Coca-Cola, H&M ou encore Nestlé pour leur lien indirect avec ces violations, ou à tout le moins leur refus d’utiliser leur influence pour les combattre. « Ces entreprises ne sont pas tenues de rendre des comptes et ont, dans de trop nombreux cas, perdu leur sens moral », estime la CSI.

Devoir de vigilance

Or plusieurs d’entre elles ont leur siège en Europe, pointe de son côté la Confédération européenne des syndicats (CES), qui réclame une législation européenne forte afin de forcer les entreprises à se conformer aux règles. « Une directive européenne sur la responsabilité d’entreprise devrait d’ailleurs inclure la participation des travailleurs dans tout le processus lié au devoir de vigilance ainsi qu’une stratégie de tolérance zéro à l’égard des violations des droits humains », a souligné Isabelle Schömann, qui suit le dossier à la CES.

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Article rédigé par Anne-Sophie Ball, rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo