Près de cinq millions de salariés des branches marchandes non agricoles ont touché une prime de partage de la valeur (PPV) entre sa mise en place, au 1er juillet 2022, et le 31 décembre 2022. Au total, les employeurs du privé (hors secteur agricole) ont versé 4,1 milliards d’euros aux salariés durant cette période (dont 3,5 milliards rien qu’au quatrième trimestre) avec ce dispositif, soit environ 800 euros par salarié bénéficiaire en moyenne. Mais, dans une note publiée le 15 mars, l’Insee entrevoit un effet d’aubaine lié au versement de cette prime défiscalisée et exemptée de cotisations sociales. Certains employeurs privilégieraient en effet cette prime à des augmentations pérennes de salaire. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, les versements de PPV auraient contribué à accélérer l’augmentation constatée du salaire moyen par tête durant le quatrième trimestre alors que, pendant ce temps, les salaires de base (comptabilisés sans les primes, donc) augmentent plus faiblement.

PPV versus revalorisation du salaire de base

« Les versements de PPV se seraient subsistés à hauteur de 30 % en moyenne à des revalorisations du salaire de base », écrivent les auteurs de la note ; ils invitent toutefois à la prudence : « À ce stade, la marge d’erreur pour cette estimation de l’effet d’aubaine demeure importante et l’effet mesuré est celui d’éventuelles substitutions […]. Pour autant, l’ampleur de l’effet d’aubaine ainsi identifié se situe bien dans la fourchette d’une précédente estimation […]. » Les versements de PPV en 2023 permettront d’y voir plus clair.