Devant la presse, les représentants du Pacte du pouvoir de vivre ont partagé leurs inquiétudes et leur volonté d’agir pour redonner à chacun le pouvoir de vivre dignement dans un environnement sain. Ils ont annoncé le lancement d’une école à la rentrée afin que toutes les personnes qui le souhaitent puissent se former et devenir à leur tour des ambassadeurs du Pacte.

Le 18 mars dernier, les représentants du Pacte du pouvoir de vivre signaient une tribune dans le journal Le Monde pour appeler le gouvernement à l’apaisement et à la responsabilité dans le contexte de crise généré par la réforme des retraites. Ils dénonçaient notamment le recours au 49.3 comme « un coup de tonnerre politique » et « une décision périlleuse qui abîme encore un peu plus la démocratie et le dialogue social ». Cette crise sociale et démocratique, ils la mesurent aussi à l’aide d’un sondage mené avec Ipsos Sopra Steria, « Les Français, la justice sociale et le partage des efforts », dont les résultats ont été publiés le 12 avril dernier lors d’une conférence de presse.

Retrouver un climat d’apaisement et de confiance

« Gouverner de façon verticale sans écouter la société civile, c’est aller au-devant d’une crise profonde comme nous l’avons vécue en 2019 avec le mouvement des gilets jaunes et qui a d’ailleurs motivé la création du Pacte du pouvoir de vivre », souligne Laurent Berger en préambule. « Avec ce sondage, nous avons voulu vérifier jusqu’où nos inquiétudes correspondaient à celles des Français. L’un des premiers enseignements de l’enquête est que 83 % d’entre eux pensent que la crise actuelle est à même de bloquer la mise en œuvre de la transition écologique et socialement juste. Au-delà du sujet qui nous préoccupe actuellement [la réforme des retraites], nous devons retrouver un climat d’apaisement et de confiance sans attendre. » Ainsi que l’a rappelé Amandine Lebreton, directrice du Pacte du pouvoir de vivre, l’objectif est, « comme il y a quatre ans, de montrer qu’il est possible de concilier transition écologique, justice sociale et renouveau démocratique afin d’améliorer concrètement la vie des citoyens ».

Or l’urgence est là : 60 % des répondants confient leur crainte de basculer un jour dans la précarité. Ce taux très élevé n’épargne pas les classes moyennes, qui constituent 53 % des inquiets. Désormais, pour les plus précaires, des arbitrages s’imposent dans les dépenses essentielles, puisque 15 % des ménages les plus modestes disent devoir choisir entre se nourrir, se chauffer, se soigner et se déplacer… Si le pouvoir d’achat arrive en tête des préoccupations les plus citées, devant la santé et les retraites, plus de 80 % des sondés se disent également inquiets quant à l’avenir de la France, l’environnement, la démocratie, la protection sociale – une très grande majorité d’entre eux estimant que les inégalités sociales ont un impact négatif sur la cohésion sociale, la stabilité politique, l’éducation, la croissance économique et la préservation de l’environnement. « Ce n’est pas du tout un contexte propice à l’apaisement, relève Christophe Robert (Fondation Abbé Pierre), donc il est urgent d’agir. »

Transformer les craintes en pouvoir d’agir

« La situation est très préoccupante mais nous ne voulons pas nous résigner », affirme pour sa part Claire Thoury (Le Mouvement associatif), selon qui le collectif se trouve aujourd’hui à une étape charnière : il doit continuer de porter ses revendications, alerter l’opinion publique mais aussi apporter une réponse à tous ceux qui veulent s’engager. « Il y a une aspiration très forte à agir : 37 % des Français sont prêts à s’engager encore plus malgré la période actuelle, un taux qui grimpe à 58 % chez les moins de 25 ans. » Les membres du Pacte voient là un très fort encouragement pour la diffusion de leurs propositions et veulent offrir « un espace d’engagement » qui serait comme un trait d’union entre les citoyens et les pouvoirs publics. « Nous proposons aux individus qui le souhaitent de nous rejoindre pour s’informer, devenir des ambassadeurs du Pacte, relayer nos actions et agir à nos côtés », poursuit Claire Thoury. À l’instar de la Convention citoyenne sur la fin de vie, qui vient de s’achever et qu’elle a présidée, elle affirme que « lorsque l’on outille les personnes pour monter en compétences, le débat fonctionne ».

S’engager dans l’un des groupes locaux

Il est déjà possible de s’engager directement sur le site du Pacte du pouvoir de vivre et au sein de l’un des 40 groupes locaux répartis dans l’Hexagone. Dès l’automne, le Pacte prévoit également de mettre sur pied une école du Pacte du pouvoir de vivre afin de transmettre ce que sont et ce que font le collectif et ses organisations membres. De plus, un peu partout en France, une « journée du Pacte du pouvoir de vivre » sera organisée avec l’ambition de rassembler les 64 organisations du Pacte et les citoyens pour débattre de ses 90 propositions.

« On nous sollicite de plus en plus sur notre projet de société, explique Claire Thoury. Nous leur disons qu’ils sont les bienvenus. Agir ensemble, cela commence par partager le message du Pacte et apaiser les colères, dont certaines sont très fortes. Nous voulons que les gens qui ont envie de se mobiliser puissent trouver un espace pour le faire. Avec cette école, tout le monde pourra s’approprier nos propositions, dont certaines sont parfois un peu techniques. »

Au-delà des inquiétudes clairement exprimées précédemment, « notre projet est positif, tient à préciser Christophe Robert. C’est compliqué mais ce n’est pas impossible, avec notre bonne volonté, notre expérience, notre expertise de terrain et tous ceux qui ont envie que ça change. » C’est donc sans attendre que les membres de cette alliance inédite comptent mettre à profit la forte appétence pour l’engagement associatif révélée notamment par l’enquête citée. « Nous sommes toujours là, nous sommes 64 organisations, nous sommes plus forts et nous voulons ouvrir des perspectives face au manque de débouchés politiques », disent-ils.