Suite au communiqué intersyndical :

Retraites : prêt-es à la mobilisation !

Les consultations en cours concernant notre système de retraite ont été une nouvelle occasion pour les organisations syndicales de faire des propositions dont aucune ne nécessite une réforme paramétrique. Le système par répartition n’est pas en danger, y compris pour les jeunes générations. Le gouvernement instrumentalise la situation financière du système de retraites et affirme, à tort, que le recul de l’âge légal de la retraite est un impératif.

De premiers arbitrages seraient ainsi rendus en ce sens dès la mi-décembre. Au moment où le contexte social, environnemental et économique est particulièrement difficile pour une partie croissante de la population, le gouvernement, en s’entêtant, porterait l’entière responsabilité d’un conflit social majeur.

Les organisations syndicales réaffirment qu’elles sont, comme la très grande majorité de la population, fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite comme à toute augmentation de la durée de cotisation. La jeunesse, déjà fortement touchée par la précarité, serait fortement impactée par ce projet. Pour l’intersyndicale, des alternatives, y compris financières, existent pour améliorer les fins de carrière et les montants des pensions tout en faisant reculer les inégalités touchant particulièrement les femmes.

Les organisations syndicales et de jeunesse ont d’ores et déjà décidé de se revoir le jour-même des annonces gouvernementales. Elles réaffirment leur détermination à construire ensemble les mobilisations passant en particulier par une première date de mobilisation unitaire avec grèves et manifestations en janvier si le gouvernement demeurait arcbouté sur son projet.

Les annonces du gouvernement reportées au 10 janvier :

À la surprise générale, le Président a annoncé le report des annonces sur la réforme des retraites. L’exécutif laisse passer les fêtes de fin d’année, prétextant des changements consécutifs à l’élection de nouveaux chefs de partis politiques. La CFDT espère que ce desserrement du calendrier va permettre d’aboutir sur des propositions ambitieuses en matière de pénibilité, carrières longues et retraite progressive.

La retraite ne sera pas au menu des fêtes de fin d’année. Alors que la Première ministre était censée annoncer les grandes lignes de la réforme le 15 décembre, le président de la République lui a coupé l’herbe sous les pieds le 12 décembre en annonçant le report des annonces au mardi 10 janvier. Une déclaration surprise qu’Emmanuel Macron justifie par la nécessité de donner du temps supplémentaire aux discussions avec les organisations syndicales, mais aussi avec les partis politiques puisque deux d’entre eux (Les Républicains et Europe Écologie-Les Verts) viennent d’élire une nouvelle direction.

« Cela permet d’avoir quelques semaines de plus pour que celles et ceux qui […] viennent de prendre des responsabilités puissent, sur quelques éléments clés de la réforme, échanger avec le gouvernement », a déclaré le chef de l’État en ouvrant la deuxième session plénière du Conseil national de la refondation (CNR) à l’Élysée. Officiellement, le calendrier de la réforme, lui, n’est guère modifié : un projet de loi en Conseil des ministres en janvier, des débats à l’Assemblée et au Sénat jusqu’au printemps prochain et un premier report de l’âge de départ à l’été.

Trois grands chantiers

Pour la CFDT, ces quelques semaines supplémentaires vont être mises à profit en vue de pousser ses revendications. Trois grandes thématiques sont jugées prioritaires : les carrières longues (augmenter le nombre de salariés concernés), la pénibilité (réintroduire d’une manière ou d’une autre les gestes répétitifs et le port de charges lourdes dans un dispositif adéquat) et le minimum contributif (obtenir un minimum au niveau du Smic avec une indexation automatique afin d’éviter tout décrochage).

Concernant ces trois chantiers, le gouvernement a laissé entendre, durant la concertation, qu’il pourrait bouger. Ce laps de temps supplémentaire devrait donc permettre de mieux identifier les marges de manœuvre et d’affiner les propositions. Bien entendu, les revendications de la CFDT ne se limitent pas à ces trois sujets. Cette réforme devrait également être l’occasion de réintroduire un dispositif de retraite progressive dans la fonction publique ou encore d’obtenir un « rendez-vous senior » dans les entreprises. La clé de la réforme des retraites passe en effet par une amélioration sensible de l’emploi des seniors en France – lequel est encore nettement en dessous de la moyenne européenne. « Si nous parvenons à faire remonter ce taux, une grande partie des problèmes de financement des retraites sera derrière nous », insiste Laurent Berger.

Pas de marchandage sur l’âge de départ !

Cependant, ces discussions ne doivent pas laisser penser un seul instant que des avancées sur ces trois sujets pourraient justifier, aux yeux de la CFDT, un report de l’âge légal de départ à 64 ou 65 ans. « Ces derniers jours, nous avons pu lire dans la presse que le président de la République comptait convaincre la CFDT de modérer sa position sur les 64 ou 65 ans en échange de mesures sur la pénibilité ou les carrières longues. C’est peine perdue !, précise Yvan Ricordeau, secrétaire national chargé de la concertation retraites. Nous l’avons d’ailleurs redit à la Première ministre et au ministre du Travail lors de notre rendez-vous du 7 décembre. Nous ne rentrerons pas dans ce jeu de dupes, et il n’est pas acceptable que le gouvernement relaie cette petite musique. »

Si la CFDT joue le jeu de la concertation et ne renonce pas à obtenir des mesures dans l’optique améliorer le système, elle n’a pas changé d’idée quant au report de l’âge légal, car une telle mesure se révèle aussi injuste qu’inutile. La situation des régimes de retraite ne nécessite aucunement une mesure aussi brutale, qui pénaliserait d’abord les salariés les plus modestes.

Le report des annonces ne change donc rien à la position unanime des organisations syndicales. En cas de report de l’âge légal, toutes se mobiliseront contre cette mesure et par tous les moyens à leur disposition, y compris la grève. « Nous avons toujours dit que la période de concertation était trop courte pour travailler en toute sérénité. Constater que le calendrier se détend ne peut être qu’une bonne chose, conclut Yvan Ricordeau. Au gouvernement de montrer à présent qu’il souhaite réellement mettre à profit ces quelques semaines pour répondre au mieux aux revendications des organisations syndicales. »


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