La Cnas (Caisse nationale d’action syndicale) ne prend pas en charge les jours de grève appelés par la Confédération. Cette règle stricte a connu une seule exception : les jours de grèves de 2010 contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy. Il y a de grandes chances que 2023 fasse une nouvelle fois exception à la règle. Explications.

La CFDT est la seule organisation syndicale à disposer d’une caisse de grève centrale et permanente, c’est-à-dire une caisse qui permet d’indemniser les adhérents grévistes. Cet outil confédéré (dirigé par les structures CFDT et non par la Confédération) a vu le jour en 1974 et n’a cessé d’évoluer au fur et à mesure des besoins des salariés. Une règle n’a en revanche jamais évolué : cette caisse n’indemnise pas les jours de grève, qui correspondent à un appel de la Confédération.

Cette posture, qui n’a jamais été remise en question, a pour objectif d’éviter toute utilisation politique des fonds par la Confédération. Autrement dit, la Cnas indemnise les salariés grévistes à la suite d’un conflit dans leur entreprise ou dans leur secteur professionnel après l’échec des négociations.

Pour rappel, les adhérents grévistes reçoivent aujourd’hui une indemnisation à hauteur de sept euros et soixante-dix centimes par heure.

Cette règle n’a connu qu’une seule exception, en 2010, au moment de la réforme des retraites menée par Nicolas Sarkozy. À la demande des syndicats, le comité de gestion de la Cnas avait proposé au CNC (Conseil national confédéral) de voter une dérogation afin d’indemniser les jours de grève à l’appel de la Confédération au sujet des retraites. Le CNC a voté cette dérogation en 2011 avec effet rétroactif pour toute l’année 2010.

Un comité de gestion pour trancher

En 2023, l’histoire se répète. Le comité de gestion s’est d’ailleurs préparé à la demande des syndicats. Il se réunira rapidement afin de proposer un texte au CNC de la mi-février. « Grâce à l’expérience de 2010, nous avons pu réagir plus rapidement, souligne Jean-Michel Rousseau. Si le CNC valide la dérogation, nous pourrons procéder aux indemnisations plus rapidement. » Plusieurs syndicats ont pris les devants en envoyant déjà leur dossier. Pour l’instant, la Cnas ne peut évidemment que les mettre de côté, en attendant le vote dudit CNC.