Après plusieurs reports, le gouvernement a finalement présenté le 18 septembre sa feuille de route pour lutter contre la pauvreté. Son “pacte des solidarités 2023-2027” manque d’ambition, selon le secteur associatif, qui ne cesse d’alerter sur la hausse de la précarité en France ces dernières années.
Prévu pour prendre le relais de la stratégie de lutte contre la pauvreté, le « pacte des solidarités » était présenté le 18 septembre par l’exécutif aux fondations et associations de lutte contre la pauvreté. Celui-ci s’inscrit dans la continuité des travaux de France Stratégie, notamment le rapport du comité d’évaluation de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté 2018-2022, de juillet 2022. « Le Pacte couvre tous les grands chantiers sociaux du quinquennat et cible les personnes qui en ont le plus besoin », précise-t-on ainsi à Matignon. « Nous avons évalué et gardé ce qui fonctionnait dans le précédent plan pauvreté et développé de nouvelles mesures », précise encore le gouvernement.
Quatre axes, mais pas de moyens
Le plan se décline ainsi en quatre grands axes : la prévention de la pauvreté et la lutte contre les inégalités dès l’enfance, l’accès à l’emploi pour tous, la lutte contre la grande exclusion grâce à l’accès aux droits et la construction d’une transition écologique solidaire. « Nous saluons le lancement du Pacte qui permet d’engager différentes parties prenantes autour d’axes complémentaires de lutte contre la pauvreté », a réagi la CFDT dans un communiqué du 19 septembre, mais restons « attentifs aux moyens qui seront déployés afin de construire sur cette base une vraie stratégie de long terme et partagée ». La Fédération des acteurs de la solidarité, de son côté, salue « le dialogue engagé avec la Première ministre [qui] a permis d’obtenir la fin de la fermeture des places d’hébergement d’urgence en 2023, maintenues à 203 000 » ou le plan d’aide alimentaire, « dont les cantines à un euro ou encore la solidarité à la source constituent des mesures utiles ».
Une société de plus en plus précarisée
Le gouvernement semble également revenir sur la baisse budgétaire à venir de 5 à 6% que constataient dernièrement les associations… Des mesures qui vont « dans le bon sens » donc, mais qui sont cependant jugées « insuffisantes » au regard de la précarisation croissante de la société, qui nécessiterait une revalorisation des minima sociaux ou une hausse des aides au logement. Certaines préconisations de France Stratégie, comme l’indexation sur l’inflation des minima sociaux ou la création d’un revenu universel d’activité, demandé par la CFDT, n’ont pas non plus retenu l’attention du gouvernement.
Pour les services de Matignon, la baisse de certaines dépenses contraintes qui pèsent sur le budget des ménages les plus modestes, par exemple la reconduction du bouclier énergie en 2024 ou la pérennisation du dispositif de cantine à un euro pour les étudiants, permettra de facto d’augmenter le pouvoir d’achat des personnes les plus pauvres. Une position que ne partage pas la CFDT : « Les nouvelles annonces ne permettent pas de faire face à l’urgence, alors même que l’inflation sur les produits alimentaires a atteint 22 % sur deux ans. »