Une étude réalisée par Kantar le confirme : les organisations syndicales en général et la CFDT en particulier sortent renforcées du mouvement contre la réforme des retraites.
Six salariés sur dix déclarent faire confiance aux syndicats pour défendre leurs intérêts. Un niveau jamais atteint.
Il y a des résultats d’études qui font plaisir. Celle menée par Kantar Public du 22 mai au 3 juin en fait partie. Effectuée auprès d’un échantillon représentatif de salariés et d’agents publics six mois après le début de la mobilisation contre les retraites, elle confirme une tendance que certains percevaient ces derniers mois. Les salariés n’ont jamais autant fait confiance aux organisations syndicales lorsqu’il s’agit de défendre leurs intérêts ; 59 % déclarent faire « confiance », contre 56 % l’année dernière, 49 % en 2018 et 41 % en 2015, taux le plus bas mesuré par l’institut de sondage ces dix dernières années.
L’expression du refus de la réforme
Ainsi, bien que la mobilisation n’ait, in fine, pas réussi à faire bouger le gouvernement, les salariés n’en tiennent pas rigueur aux organisations syndicales et approuvent les décisions qui ont été prises à ce moment-là. « Les différentes enquêtes qui ont été faites dans la période montraient que les Français étaient majoritaires à penser que la réforme allait passer tout en estimant qu’il fallait, dans le même temps, poursuivre la mobilisation », souligne Kantar. Manifestement, les salariés attendaient des organisations syndicales qu’elles expriment leur colère, leur refus de cette réforme considérée comme injuste par une écrasante majorité de la population active.
Dans ce contexte, la CFDT tire particulièrement bien son épingle du jeu : 52 % des salariés en ont une « assez bonne » ou « très bonne » image, soit 10 points de plus que l’année dernière. Elle devance la CGT, à 48 % (+ 9 points) et FO, à 46 % (+ 7 points). La progression de l’image de la CFDT est très forte chez les ouvriers, avec 14 points de plus que l’année dernière. Un tel résultat s’explique certainement par les sujets qui ont été mis en avant ces six derniers mois : les carrières longues, la pénibilité, l’emploi de seniors, etc.
Un rôle à jouer dans la redéfinition des modes de travail
Autre signe que la bataille de l’opinion a été gagnée, 83 % des salariés estiment que pour préparer l’avenir, les pouvoirs publics doivent davantage associer les organisations syndicales ; 81 % assurent que les syndicats ont un rôle à jouer dans la redéfinition des modes de travail actuels, et 80 % considèrent qu’il faut renforcer le rôle et les moyens des représentants du personnel dans les entreprises et les administrations. Un vrai satisfecit !
L’étude montre par ailleurs que les travailleurs attendent en priorité de la CFDT dans les trois prochains mois qu’elle agisse afin d’améliorer les conditions de travail dans les entreprises et les administrations, qu’elle obtienne des mesures en faveur du pouvoir d’achat et qu’elle négocie des accords avec le patronat : trois priorités on ne peut plus concrètes.
Inquiétude, lassitude et colère
Le niveau de confiance élevé envers les organisations syndicales ne doit cependant pas faire oublier l’état d’esprit général des salariés, plutôt morose dans la période. Lorsque Kantar leur demande quels sont les trois mots qui caractérisent le mieux leur état d’esprit par rapport à la situation actuelle, ce sont les sentiments négatifs qui ressortent : 53 % parlent d’inquiétude, 43 % de difficultés, 40 % de lassitude et 34 % de colère. L’espoir n’est évoqué que par 17 % des personnes interrogées. Le monde du travail a du mal à se projeter dans l’avenir vu le climat d’inflation et de crise politique. L’attente des salariés envers les organisations syndicales n’en est que plus forte.
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