C’est un document de référence, un corpus qui fera date, que le Bureau national a adopté le 16 novembre à l’unanimité. Le « Manifeste pour une transition écologique juste » fixe en effet les grands positionnements de l’organisation, sa vision en matière de transition écologique juste mais aussi son socle de revendications qui lient défis environnementaux et justice sociale dans des domaines comme la mobilité, le logement, etc. Il constitue une synthèse des nombreux travaux menés par la CFDT depuis des années, complétés et nourris des apports des trois principaux réseaux CFDT impliqués sur ce sujet : primo, le réseau des responsables (TEJ) des unions régionales interprofessionnelles et des fédérations, créé il y a un an ; deuzio, le réseau des mandatés au sein des dix-neuf comités stratégiques de filière du Conseil national de l’industrie ; tertio, le réseau des mandatés au sein des instances de dialogue environnemental.

Il s’agit donc d’« un document d’appui pour porter la voix de la CFDT dans toutes les instances, qu’elles soient régionales ou nationales, tout comme dans les entreprises et les administrations, partout où s’élabore et se négocie la transition écologique juste[Ce document] doit aussi permettre d’accélérer la prise en charge de ces questions au sein de notre organisation », résume Fabien Guimbretière, secrétaire national chargé du dossier.

De fait, a rappelé Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, dans un récent entretien au quotidien Les Échos, « les travailleurs sont les premiers concernés par ces questions de transition, [eu égard aux] manifestations climatiques extrêmes que l’on a pu vivre cet été – mais aussi les entreprises, qui doivent s’adapter. Il faut s’emparer de la question. Ses conséquences ne peuvent se résumer à un tableau Excel avec des plus et des moins en termes d’emplois. Il s’agit aussi de permettre aux travailleurs d’être des acteurs de la transition écologique juste ».

Malgré les alertes lancées par les scientifiques depuis des années, et en dépit des événements climatiques extrêmes qui ont eu lieu récemment, les politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique sont à la traîne, révèle le Conseil économique, social et environnemental dans un avis (fruit d’une autosaisine) co-porté par Soraya Duboc, du Groupe de la CFDT, et adopté le 14 novembre. Ce dernier est intitulé « Face au changement climatique, accélérer une adaptation systématique et juste ».

Ainsi, selon une enquête menée par l’Ademe (Agende de la transition écologique) auprès de 3 000 entreprises, moins d’une sur deux (48 %) affirme « entreprendre des actions d’adaptation », et seulement 16 % de ces dernières disent avoir « réalisé un diagnostic du risque et des impacts climatiques ». Dans cet avis, le Cese fait dix-huit propositions selon six axes. Sont ainsi présentées des propositions visant à évaluer plus systématiquement l’exposition aux risques climatiques (études de vulnérabilité), éviter les maladaptations (afin de s’épargner des investissements inappropriés – par exemple installer des climatiseurs), et ce, en rappelant le rôle de tous les acteurs, qu’ils soient économiques ou territoriaux, en insistant sur le rôle des représentants du personnel. Dans la mise en œuvre de ces politiques, le dialogue social devra prendre toute sa place.

Peu avant la conclusion de la COP 28 à Dubai, la CFDT présentait son “Manifeste pour la transition écologique juste” lors d’une conférence de presse à la Confédération. Ce document de référence résume à la fois les positionnements de l’organisation et les dispositifs d’accompagnement des militants qui veulent agir en faveur de la transition écologique.

En matière de transition écologique, la place du syndicalisme n’est pas sur le banc de touche et encore moins dans les gradins, mais bien sur le terrain ! « Nous devons prendre toute notre place en tant qu’organisation syndicale », a d’ailleurs réaffirmé Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, lors de la conférence de presse de présentation du Manifeste pour la transition écologique juste, le 7 décembre, à la Confédération. « Si le syndicalisme n’est pas là pour porter le message de la transition écologique juste et embarquer les travailleurs dans cette voie, on prend le risque de continuer d’aborder ces questions-là uniquement sous un prisme défensif. Pour nous, l’idée est de porter cette voix dans le débat public », a-t-elle ajouté. Une voix d’autant plus nécessaire que, ces derniers mois, se sont élevés des discours relativistes teintés de climatoscepticisme.

La transition écologique, parce qu’elle ne relève pas que de questions environnementales mais implique une profonde transformation du modèle productif, va drastiquement impacter le monde du travail. Avec des conséquences sur l’emploi, bien sûr, comme on le voit déjà dans le secteur de l’automobile du fait de l’électrification des véhicules, avec des pans entiers d’emplois détruits ou créés. « Il faut dépasser cette approche par les chiffres, les plus et les moins et aller sur le terrain du travail. » Et pour cela, associer les salariés – et leurs représentants –, ces « experts de leur travail », dans un dialogue à tous les niveaux (entreprise, branche, secteur privé, fonctions publiques) est une condition indispensable. De cette participation des travailleurs dépendra d’ailleurs l’acceptabilité des transformations. « La transition écologique juste ne se fera ni contre eux ni sans eux », a martelé Marylise Léon.

Mais agir de manière coordonnée et efficace suppose d’avoir une feuille de route. D’où l’importance de ce Manifeste pour une transition écologique juste, qui synthétise à la fois la vision CFDT des transformations à conduire et un outillage pratique destiné aux militants qui veulent passer à l’action. Ainsi, selon la CFDT, « la transition écologique juste repose sur deux piliers : l’impératif de justice sociale et celui de démocratie, a pointé la secrétaire générale. La transition écologique ne peut pas se décréter d’en haut. Pour être effective et juste, elle doit être anticipée, donc planifiée, et co-construite démocratiquement. Cela nécessite d’articuler démocratie politique, démocratie sociale et démocratie participative. Le dialogue social est l’autre impératif d’une transition écologique juste ». Dans son Manifeste, la CFDT affirme clairement ses choix : transformer nos manières de créer et de mesurer les richesses, engager des transformations qui tiennent compte des limites planétaires, mener de véritables politiques de décarbonation et de sobriété.

👇

Manifeste pour la transition écologique juste