Malik Boufatah, 32 ans, Animateur social au service « Jeunes » de la ville de Blois.
Malik Boufatah connaît bien les jeunes des quartiers nord de Blois, considérés comme les plus pauvres de la région Centre-Val de Loire. C’est là qu’il a grandi. C’est désormais là qu’il travaille, en tant qu’animateur social.
Le Covid a laissé des traces. Les jeunes que Malik encadre sont encore plus nombreux à avoir décroché du système scolaire. « Ce qu’ils veulent, c’est gagner de l’argent très vite, être autonomes, ne plus dépendre de leur famille. Et même pouvoir éventuellement l’aider. Il y a une forme d’impatience chez eux, ils veulent que ça aille vite. Si on leur propose un poste de livreur à 1 300 euros, ils prennent tout de suite. » Les codes du quartier, Malik le reconnaît, « c’est davantage la consommation, l’image, l’achat de baskets à la mode » plutôt que la sobriété. « Il y a encore quelques années, les plus anciens voulaient un métier pour quitter le quartier. Maintenant, ils ont moins de rêves. »
Alors, Malik met toute son énergie à ouvrir des horizons, donner des perspectives professionnelles différentes à ces jeunes. Il a créé « Libre comme l’ère », une fédération de cinq associations qui – entre autres – finance le Bafa (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur). En contrepartie, les jeunes doivent s’impliquer dans des associations, qu’elles soient humanitaires, liées à l’environnement, etc. « Du coup, certains veulent poursuivre dans ces secteurs. Mais quand ils voient combien c’est peu payé, cela n’encourage pas. »
Malik a aussi lancé Discovery, un programme de rencontres avec des professionnels, afin d’élargir la palette des « rôles modèles», dont beaucoup des jeunes du quartier sont privés. « Le quartier, c’est une bulle. Il faut les aider à sortir de cette bulle. »