Quentin Oulié, 21 ans, étudiant en deuxième année d’HEC.

À HEC, on forme la future élite de la finance, la crème du commerce international, les jeunes loups de la start-up nation. On y trouve aussi – et de plus en plus – des étudiants que le système performatif et compétitif n’attire plus.

Comme Quentin Oulié, jeune étudiant en deuxième année, qui envisage de compléter son cursus par une formation à AgroParisTech, la prestigieuse école d’agronomie. Pour l’heure, il réfléchit à son stage de troisième année, qu’il espère « dans un think tank ou une entreprise qui travaille sur les stratégies de décarbonation ».

Sur le campus, il est par ailleurs engagé dans une association qui gère un potager en permaculture et il est vice-président de l’association Esp’R, en faveur de l’écologie.

« Il y a quatre ou cinq ans, Esp’R comptait cinq membres. Nous sommes maintenant plus de 70 membres actifs et une centaine qui aident ponctuellement. » Certes, sur le millier d’étudiants du campus, c’est encore peu. Mais le mouvement de prise de conscience des enjeux climatiques est là. Et grandit.

Des étudiants d’HEC ont participé à une opération « coup de poing » contre le stand de TotalEnergies, à l’automne. D’autres ont signé une tribune dans Le Monde contre le projet d’oléoduc géant EACOP en Ouganda, mené par le même pétrolier. « Nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir nous engager de manière différente dans nos vies professionnelles. » Pour autant, Quentin est lucide sur les obstacles et les résistances à vaincre « avant que les mentalités des étudiants changent ».

La perspective d’être embauché par des établissements financiers de renom en fait encore rêver plus d’un : « Ces entreprises ont un fort pouvoir d’attraction. Elles représentent le prestige. Alors, quand on présente des alternatives comme la finance à impact, on a moins de succès ! » Pour Quentin, le système des classes prépas est aussi en cause : il forme un moule dont il est difficile de s’extraire. « La charge de travail est énorme, on a la tête dans le guidon et donc pas le temps de réfléchir, de prendre du recul. » Il espère que, progressivement, ce sont aussi les contenus des cours fondamentaux d’HEC qui évolueront. Car, pour l’instant, il trouve que la transition écologique reste un sujet étudié « un peu en annexe ».