On connaissait les conséquences de l’inflation et de la hausse des prix de l’alimentation sur les ménages, poussant les plus modestes à adapter leurs achats et prioriser leurs dépenses. Après la hausse des prix de l’énergie, que ce soit l’électricité, le gaz ou l’essence, l’inflation alimentaire (bien plus élevée que l’inflation générale) pousse désormais nombre d’entre eux à sacrifier les produits qui répondent à des besoins essentiels. L’étude Ifop sur la précarité alimentaire publiée ce week-end vient nous le rappeler de manière cruelle : un peu plus de la moitié des 30 % de Français les plus précaires assurent avoir dû réduire les portions, 42 % ont supprimé un repas quotidien. Une réalité intolérable.
Alors que l’attention se porte actuellement sur la mobilisation sociale contre la réforme des retraites, il ne faudrait pas oublier des sujets cruciaux et promesses faites au plus fort de la crise sanitaire. Le chèque alimentaire, quelle que soit sa forme ou son appellation, doit être mis en œuvre d’urgence. Maintes fois annoncé puis modifié et reporté, il vient de voir son sort scellé par l’Assemblée nationale, qui a rejeté il y a quelques jours la proposition de loi qui prévoyait sa distribution automatique à tous les Français touchant la prime d’activité, soit 11 millions de personnes.
Il est aussi de la responsabilité du patronat de jouer le jeu dans les négociations. Aujourd’hui, les conséquences de l’inflation sont loin d’être suffisamment prises en compte lors des négociations. En 2022, les augmentations des salaires de base sont d’ailleurs restées inférieures à l’inflation, tandis que, dans le même temps, les versements de primes de pouvoir d’achat se seraient substitués (à hauteur de 30 % en moyenne) aux revalorisations du salaire de base. La solution, peut-être la première, c’est d’augmenter les salaires, et plus encore les bas salaires.