Malgré la promulgation de la loi et la publication des premiers décrets, la colère ne faiblit pas. Les opposants à la réforme des retraites étaient encore nombreux à se mobiliser le 6 juin pour la quatorzième fois depuis la mi-janvier.

La CFDT salue la maturité de l’intersyndicale, qui doit prospérer pour peser, lors des semaines à venir, dans le rapport de force.

Entamée à la mi-janvier dans un froid mordant, la mobilisation contre la réforme des retraites aura traversé les saisons. Six mois plus tard, c’est sous un soleil accablant que les organisations syndicales, unies derrière la même banderole et le même mot d’ordre, ont pris la parole peu avant le lancement du cortège parisien – alors que, sur l’ensemble du territoire, 230 villes étaient encore recensées par la CFDT. Symboliquement, cette prise de parole devant les grilles de l’Assemblée nationale en disait long…

Une colère toujours très présente

Malgré la promulgation de la loi et la publication de certains décrets d’application, cette quatorzième journée montrait des « chiffres de mobilisation conséquents » de manifestants recensés par la CFDT. « On sent encore beaucoup de colère, et cela risque de durer dans la tête des salariés et des adhérents pendant longtemps. »

Du côté de la rue, en effet, la colère était toujours bien présente. Un peu partout, les cortèges s’habillaient d’orange, et les habitués côtoyaient les néophytes, à l’instar d’Ingrid, prof d’histoire-géo dans un établissement parisien et toute jeune adhérente CFDT. « Il fallait que j’en fasse au moins une, et ce sont mes élèves, qui pour certains ont participé à plusieurs manifestations, qui m’ont convaincue d’y aller », souriait-elle. Elle le savait, cette mobilisation serait sans doute la dernière ; elle avait donc bien l’intention de « la vivre à fond. » Un peu plus loin, Hervé, le militant habitué des manifs, se réjouissait d’avoir vu se construire une certaine complicité entre les organisations syndicales : « Avant, nous n’aurions jamais été discuter avec nos collègues des autres orgas. Le fait d’être réunis autour d’un mot d’ordre commun, ça nous rappelle que, malgré nos différences, le syndicalisme est une grande maison avec des valeurs communes. »

Le syndicalisme est là !

C’est peut-être là la grande leçon de ce mouvement contre la réforme des retraites. « On est en train de démontrer la force du syndicalisme dans la période, se réjouit Laurent Berger. On voit bien la tentation au sommet de l’État de passer à la séquence d’après, de tourner la page. Nos pages à nous s’écrivent à partir de ce vivent les travailleurs, et ce qu’ils revendiquent en matière de pouvoir d’achat, de conditions de travail et de protection sociale. »

Dans la période qui vient de s’écouler, tous les leaders syndicaux en sont convaincus : le syndicalisme a su travailler dans l’unité. À l’heure où le gouvernement tente de renouer le dialogue avec les partenaires sociaux en proposant un nouvel agenda social, cette unité participe au rapport de force à consolider dans les mois à venir.

Et si certains sont aujourd’hui plus enclins que d’autres à vouloir porter un cahier revendicatif commun, « la maturité qui a été la nôtre pour construire ces mobilisations doit prospérer pour peser dans le rapport de force à venir », résumait le secrétaire général de la CFDT, qui passera la main dans quelques jours à Marylise Léon.

Comme l’intersyndicale l’a fait sur le dossier des retraites en se concentrant sur ce qui la rassemble, elle va travailler, dès maintenant, à dégager des revendications communes sur chacun des sujets suivant : les salaires et les pensions, les conditions de travail, la santé au travail, la démocratie sociale, l’égalité femmes-hommes, l’environnement et la conditionnalité des aides publiques aux entreprises. Sur ces thèmes, nous voulons obtenir des avancées importantes, notamment lors des futures négociations.

L’intersyndicale continuera de se réunir, dès la rentrée…

CONTINUONS À AGIR !